Un mot rapidement… Je m'excuse de vous délaisser dernièrement, mais je suis présentement saturé de travail. Nous sommes, en effet, en train de concevoir un cours de métamorphose sociale que nous donnerons en Abitibi-Témiscamingue prochainement. Le défi est de taille, car il faut présenter une réalité hautement conceptuelle, mais totalement réelle, puis transférer des outils pour aider les participants à transformer l'apprentissage en pistes d'action qui serviront à diminuer la douleur de la métamorphose qui débute.

Je voulais, toutefois, vous proposer ma perspective sur ce que nous sommes en train de vivre dans cette élection fédérale. Dès le début des élections, j'ai entendu les experts commenter et j'ai immédiatement noté, qu'en bons experts, ils analysaient les dynamiques comme une continuité de celles de la dernière élection. Leur cadre d'analyse est strictement canadien et strictement celui de la joute politique.

Mais, pour moi, nous vivons une période historique à l'échelle de l'humanité. Depuis la chute du mur de Berlin, le modèle occidental et capitaliste est devenu le modèle dominant, mais il est en train de se manger lui-même. Il s'est emballé. Il s'est déséquilibré. Le cancer qui le ronge provoque, à répétition, le développement rapide d'activités inutiles au prix d'une réduction des activités utiles et d'un épuisement des ressources de la seule planète que nous avons.

Cette dégradation a pris une ampleur sans précédent … Les élites de tous les continents et de tous les pays sont en train de prendre conscience de l'ampleur du danger et du potentiel de chaos qui grandit, jour après jour. Face à cette réalité, des voix s'élèvent, les changeurs. Ils questionnent les fondement même du système. En fait, ils questionnent son paradigme fondamental. Quel est le meilleur paradigme ? Devons-nous considérer que :

  • le bien-être d'une collectivité est la somme du bien-être de chacun des individus qui la compose
  • le bien être des individus est une dérivée du bien-être des collectivités

En termes plus simples, "Devons-nous favoriser prioritairement l'individu ou la collectivité ? "

C'est la question fondamentale et elle se pose partout. Malgré un système dédié presque exclusivement aux individus, la voix de la collectivité s'élève de plus en plus fort et de plus en plus clairement.

Elle prend différentes formes. Voici, par exemple, celle américaine de Annie Leonard qui a déjà joint 12 millions de personnes avec son premier vidéo "The story of stuff". Voici aussi un exemple français avec Paul Jorion qui anime une discussion avec des centaines de milliers d'intellectuels au sujet du système qui devrait remplacer "Le capitalisme à l'agonie".

Au début des élections, donc, j'ai entendu des extrait du programme électoral des différents partis et j'ai noté que seul le NPD parlait de la réalité globale et du besoin de se relever les manches en collectivité pour faire face au futur. Tous les autres programmes discutaient de technicalités pour relancer le système, système servant les individus.

Je crois donc, qu'inconsciemment, le cadre de référence guidant de plus en plus de canadiens dans leur choix électoral consiste à choisir si nous voulons favoriser l'individu ou la collectivité. J'en conclus que nous serons tous surpris de la performance du NPD puisqu'il est le seul qui est, franchement et clairement, dans le camp de la collectivité avant l'individu. Je ne serai pas étonné, si au lendemain de la soiré du 2 mai, nous nous retrouvons avec un gouvernement minoritaire dirigé par une coalition, elle-même dirigée par les néo-démocrates.