Depuis des années, je promeus une transformation majeure de notre économie afin d’atteindre un développement durable au Québec. Cette transformation devrait viser à modifier notre modèle de société, fondé sur la consommation et qui repose sur une économie de flux. Je propose plusieurs idées qui permettraient de développer une économie d’actifs pour soutenir le développement durable de notre société. J’appelle cela une économie d’écohérence  puisqu’elle vise à rendre l’économie cohérente avec l’écologie de la planète.

Évidemment, mon plaidoyer est demeuré local. Mais pendant ce temps, une réflexion semblable  a eu cours en Europe et aux États-Unis, en utilisant des mots différents pour désigner les mêmes choses. Économie linéaire / Économie circulaire correspondant à Économie de flux / Économie d’actifs.

Aujourd’hui, ce discours a pris de l’ampleur! À tel point que cette année, même le World Economic Forum de Davos a tenu un atelier sur l’économie circulaire pour informer l’élite de l’émergence de cette nouvelle forme d’économie. De plus, McKinsey & Compagny, le plus gros bureau de consultation en stratégie de la planète, s’est mis à publier des rapports sur l’économie durable et sur l’ère de rareté des ressources dans laquelle nous entrons.   

Le sujet n’est pas banal. Cette transformation de société représente l’équivalent d’une métamorphose sociale, un changement aussi global que celui de la chenille qui devient papillon. Autant y a-t-il de sociétés-chenilles différentes à toutes les échelles territoriales, autant il y aura de sociétés-papillons différentes, une fois qu’elles se seront métamorphosées.

Ainsi, chaque territoire, région, province et pays devront réagencer leurs organisations internes pour l’adapter à cette nouvelle forme d’économie.

Pour les territoires et les industries, le défi est stratégique. Si ces communautés n’entreprennent pas de réviser elles-mêmes leurs normes et modes de fonctionnement, alors les gouvernements et les grandes corporations s’en chargeront et ce ne sera pas à l’avantage des communautés.

Se donner les moyens de comprendre et de prévoir la métamorphose, où et comment elle peut se faire: cela devient un enjeu stratégique pour les acteurs territoriaux du développement économique et communautaire.

C’est ce que je fais en tant que prospectiviste. Un métier d’éclaireur qui cherchent à trouver les passages entre les configurations des sociétés chenilles et celles des sociétés papillons.

Je suis donc en train de cartographier les différents axes de bifurcation dans lesquels se négocient déjà les passages vers une société durable et donc vers une économie circulaire. C’est ce dont je vais vous entretenir dans mes prochains billets.

J’insiste sur un point. Le mouvement de métamorphose des sociétés est bel et bien amorcé. L’émergence des sociétés-papillons est en train de se faire au sein même des sociétés-chenilles encore vivantes. Même si l’économie est encore dominée par les tenants de l’économie linéaire, les mouvements vers l’économie circulaire sont bel et bien enclenchés et en progression.  

Par exemple, l’évolution vers une nourriture plus biologique et plus verte. C’est un axe de bifurcation qui affecte l’agroalimentaire et qui propose une alternative à la nourriture industrielle de la société de consommation. Ce changement est déjà en train de forcer la réorganisation de l’industrie agroalimentaire pour permettre sa reconfiguration vers des demandes émergentes, mais fortement croissantes de solutions d’alimentation durable.

Je vais donc, dans mon prochain billet commencer par approfondir l’analyse de l’économie circulaire pour que nous développions un cadre de référence commun. Puis, dans mes billets subséquents, j’explorerai différents axes de bifurcation vers cette économie circulaire qui sont déjà en train de se déployer et je vais donner des exemples.

J’aimerais vous faire découvrir jusqu’à quel point la transformation de la société est déjà enclenchée malgré que l’on en parle peu dans les médias de masse.  Et combien il devient important de suivre les évènements pour pouvoir profiter des multiples opportunités qui émergent constamment.