Il y a une dizaine d’années, j’ai assemblé le terme écohérence pour synthétiser le concept d’une économie qui fonctionne de manière cohérente avec la réalité écologique.

Entre les années 2005 et 2013, j’ai fait plus d’une centaine de conférences dans lesquelles je tentais de démontrer que la continuité n’était plus une option et qu’il fallait se réorienter vers une économie durable, vers l’écohérence.

Quelques réussites partielles

Pendant cette période j’ai dirigé des projets de cellules de prospective dans plusieurs régions après y avoir modélisé les infrastructures et les dynamiques sociales, et économiques. Ces activités ont été réalisées dans le cadre d’une série de projets pilotes réalisés avec les SADC du Québec.

J’ai aussi, pendant cette période, lancé une cellule de prospective industrielle avec le projet « Alliance et Leadership en microélectronique », réalisé en collaboration avec le CIMEQ, le Centre collégial de transfert technologique (CCTT) du CÉGEP Lionel-Groulx.

Mais, tous ces projets n’ont fonctionné que partiellement, car comprendre qu’il ne faut pas poursuivre dans la même direction ne suffit pas. Il faut trouver la direction à prendre, et le chemin pour y aller et les activités réalisées dans ces projets n’ont pas permis de trouver ledit chemin.

Ce chemin qui n’existe pas encore

Il y a trois ans, j’ai arrêté toutes mes activités de prospective pour retomber en recherche et développement et tenter de trouver le chemin d’action. Ce que j’ai trouvé s’est plutôt révélé être une démarche qui devrait permettre de créer le chemin, car ce dernier n’existe pas encore. Il m’est en effet devenu évident qu’on ne peut pas trouver la forme d’une société durable dans le cadre d’une société de croissance, pas plus qu’une chenille peut figurer ce que c’est que d’être un papillon.

En d’autres termes pour rendre nos sociétés durables il est préférable d’augmenter notre agilité et notre capacité à évoluer de manière cohérente et entreprendre le changement avant même d’avoir défini la configuration qui la rendra durable.

Une question de configuration

Définir la configuration qui rendra la société durable implique en effet une multitude de choix que les citoyens devront faire. On ne peut pas prédire les choix qu’ils feront pas plus qu’on ne peut savoir si ce seront les bons. Cette impossibilité de prédire les choix qui seront les bons est une caractéristique des systèmes complexes et la société est un système complexe. On peut faire des scénarios de configurations, mais on ne peut pas savoir lequel est le meilleur ou le plus faisable avant de l’essayer. On doit donc suivre l’évolution de tous les scénarios pour savoir lequel est le meilleur et l’adopter.

D’autres parts, toutes mes observations m’amènent à conclure que la métamorphose des sociétés vers des configurations écohérentes est déjà amorcée. En fait, je suis convaincu qu‘elle progresse plutôt rapidement, et même qu’elle accélère continuellement. Et celà même si les impacts ne sont pas encore très visibles. C’est ce que je vais tenter de démontrer dans mes nouvelles conférences.

Explorer le nouveau paradigme

D’autres parts, tant que l’on considérera le présent comme la suite du passé, nous ne pourrons pas définir la forme des sociétés durables. Pour le faire, il faut entreprendre de considérer le présent comme le début du futur, et pour réussir ce changement de paradigme il faut se mettre à suivre, décrire et favoriser l’émergence de ce futur. C’est le but de la Communauté de l’écohérence que nous nous apprêtons à lancer. Nous entreprenons de développer une communauté dont l’objectif sera de faciliter l’émergence d’un futur écohérent. La communauté sera constituée d’un réseau de personnes qui utiliseront une perspective systémique pour modéliser et suivre l’évolution des sociétés. Le but de la communauté est d’augmenter la vigilance des participants sur les morceaux de sociétés du futur qui commencent déjà à s’imposer, afin d’en favoriser l’émergence. L’idée est que le futur doit conquérir le passé pour permettre à l’écohérence de s’implanter. La communauté de l’écohérence est donc un projet de conquête du présent non durable par un futur écohérent donc durable.

Zun Tsu, dans l’art de la guerre, un livre écrit il y a autour de 4 000 ans, nous indique qu’avant d’entreprendre n’importe quel projet de conquête, il faut bien cartographier le terrain où se déroulera l’action, ceci afin de minimiser les efforts et les pertes. Il dit aussi que les plus grands généraux militaires sont ceux qui remportent les victoires sans combattre. C’est ce que nous ferons dans la communauté de l’écohérence, nous identifierons et suivrons les réseaux d’enjeux qui sont déterminants pour entreprendre la construction de sociétés durables. Et lorsque la compréhension des réseaux d’enjeux aura atteint un niveau satisfaisant alors nous lancerons des projets d’actions plus directes.

Pour passer à l’action

Pour moi le temps de passer à l’action est venu, il faut lancer le projet de projet de société. Car je n’ai pas de projet de société, je n’ai pas de réponse, je veux lancer un projet qui dont l’objectif est de concevoir un projet de société écohérente. J’ai complété une longue démarche de recherche par le développement de la plateforme de modélisation systémique des sociétés. Je la nomme Modélisation holosystémique. Grâce à ce nouvel outil de modélisation des sociétés par leurs mouvements, je suis en position pour entreprendre le déploiement de cette nouvelle forme de système d’information. C’est un nouveaux type de système car il traite des perceptions plutôt que des faits. C’est que traiter du futur nécessite nécessairement de traiter de perceptions de ce qui est possible et de ce qui ne l’est pas et du degré de possibilité ou d’impossibilité.

Déjà, nous sommes un réseau de collaborateur et nous avons entrepris plusieurs projets qui ensemble constituent une stratégie d’action ou plutôt de proaction. Nous avons entrepris :

  • De rédiger un livre sur la métamorphose des sociétés qui est en cour.
  • De rédiger un livre sur la systémique appliqué afin de rendre ces outils révolutionnaires accessibles à qui le désire
  • De formaliser des formations et ateliers en systémique appliquée
  • De formaliser des conférences et ateliers en prospective
  • De lancer quelques projets pilotes de modélisation systémique d’organisation
  • De lancer un projet pilote de communauté d’intelligence prospective pour l’électronique du Québec, CIPEQ
  • De développer le site Web de la communauté qui devrait être prêt pour octobre
  • Et de débuter les activités de la communauté de l’écohérence par une première conférence de prospective le vendredi 15 septembre à Sainte-Rose.

Au plaisir de vous y voir.

Conférence d’Écohérence «Choisissons notre futur»