Prototype québécois de société
J’ai une vision du monde que je dois tangibiliser et instrumenter pour la rendre transférable dans la réalité. Je devrais écrire un livre comme tant de personnes de mon entourage me le disent. Ça m’est toutefois impossible car cette tangibilisation de la vision ne peut se faire que dans l’action, par les essais, ce que je fais dans mes multiples projets. Ces projets me privent cependant de la possibilité de prendre le recul nécessaire pour synthétiser la dite vision pour écrire un livre sur le sujet. C’est comme si on demandait à un kayaquiste de rédiger un livre sur ses techniques et ses approches au moment où il affronterait les plus gros rapides et défis de son existence. Il en serait incapable étant absorbé par ses défis ponctuels.
Je vais donc essayer de cristalliser cette vision dans ce blogue, morceau par morceau au moment où ils apparaîtront. L’idée est de partager le cadre de référence qui découle de cette vision et qui permettra, j’en suis persuadé, de développer un prototype opérationnel d’une alternative viable et souhaitable au « American way of life ». C’est, selon moi, le seul moyen de favoriser une réorientation du mode de développement des sociétés vers un modèle qui rencontrera les exigences du développement durable ce que ne permet pas le « American way of life ».
Ce modèle je l’ai appelé le « Ecoherent way of life » et dans ce blogue je vais essayer de vous le décrire en même temps que je vais vous décrire les activités que je réalise pour le développer ici-même, au Québec.
Mais, « Pourquoi au Québec ? » vous demanderez-vous. Et bien c’est parce que le Québec est un des rares endroits de la planète qui offre selon moi tous les degrés de liberté requis pour réaliser un nouveau prototype de société. Nous sommes en effet une région qui possède beaucoup d’avantages pour réussir ce genre de défi dont notamment :
- Un niveau de connaissance, de compétence et une structure de recherche technique et sociale typiques des pays développés;
- Une qualité de vie parmi les plus élevées de la planète;
- Une relativement faible population, donc plus facile à dynamiser et à embarquer dans un projet de société;
- Une créativité exceptionnelle que ce soit en art, en ingénierie, en technique ou en modèle d’affaires;
- Une profonde expérience en sociale démocratie et en coopération qui nous donne une grande expertise pour inventer ce que l’on pourrait nommer un socialisme de marché;
- Une habitude historique à devoir faire beaucoup avec peu étant donné notre statut toujours actif de territoire conquis;
- Une conscience collective très forte qui est celle d’un peuple francophone qui, quoi que perdu dans une mer d’anglophones, a réussi à reprendre le contrôle de sa culture et à réimposer sa langue comme langue de travail;
- Un espace public très dense dans lequel les médias américains ont une pénétration particulièrement faible, ce qui nous permet de nous créer un projet local et de le faire connaître à la population relativement facilement. Ce ne serait pas pareil en Ontario par exemple, où les médias américains ont une présence plus forte que les média canadiens.
Enfin, nous avons l’immense avantage d’avoir réussi la Révolution tranquille par laquelle c’est pacifiquement que nous avons inversé rapidement et profondément un méta mécanisme d’assimilation qui nous était appliqué depuis la conquête il y a plus de 200 ans. Nous avons ainsi réussi à reprendre le contrôle de notre économie et de notre société pacifiquement démontrant ainsi une sagesse populaire et une capacité collective selon moi exceptionnelle.
Pour toutes ces raisons, je suis persuadé que nous sommes en excellente position pour tenter d’inverser le mécanisme de croissance de la consommation qui menace l’avenir de la société humaine dans son ensemble et de celle occidentale plus spécifiquement. Le défi est simple à exprimer: il consiste à provoquer une décroissance économique tout en maintenant une croissance de la qualité de vie et du bonheur des gens.
Donc pour toutes ces raisons, je crois que le Québec est l'une des meilleures régions au monde pour prototyper une alternative au « American way of life ». C’est dans ce contexte que je lance ce projet de « Ecoherent way of life », parce que nous avons de réelles chances de réussir cette entreprise a priori impossible mais au combien nécessaire.
6 Commentaires
Bravo! Enfin quelque chose qui ressemble à un projet de société. Assemblons nos forces et mettons notre intelligence collective vers un futur présent.
Une connecteure et agent de changement se joint à vous pour faire écho à votre écohérence!
[…] de M. Lusignan enflamme ma passion qui trouve écho grâce à sa capacité d’articuler un prototype québécois de société . Avec l’indice de Présence organisationnel que je propose dans mon nouveau livre, il […]
[…] peut-être devrions-nous le croire (voir prototype de société québécoise basé sur l’écohérence proposé par Yves […]
[…] nos politiciens au défi de nous donner une vision, un rêve de société qui transcende la langue! Voir l’article complet : Prototype québécois de société! […]
Bonjour Yves,
Merci pour ton inspirante conférence aujourd'hui. Je vais prendre le temps de lire tes billets un par un, et ce chronologiquement.
Je me permet d'intervenir pour ajouter mes 2cents car je sais que tu es bien ouvert à la discussion et l'échange. L'objectif n'étant pas d'avoir raison, mais de la créer.
Mon premier point est sur ton objectif que tu formules comme étant la recherche de la décroissance économique. Je ne crois pas que c'est nécessaire ni enviable. L'économie n'est qu'une forme quantitative de créer des équivalences dans notre système. Alors l'important est plutôt de rendre les modèles économiques conscients des impacts de la consommation pour ensuite mesurer la vrai valeur de notre societe de consommation sur la societe, les individus et l'environnement. Pour ce faire l'économie peut continuer à croître car les chiffres sont immatériels.
Même la nature vit dans un modèle de croissance et d'abondance. La différence c'est dans l'autorégulation vers l'équilibre des biosystèmes à une échellle supérieure, chose que notre système n'a pas encore pris en compte.
Au plaisir,
Alexandre Joyce
Bonjour Alexandre
Tu as raison sur mon utilisation du terme décroissance, il fait peur aussi aujourd’hui je parle plutôt de consolidation de l’économie. D’autres parts, il faut bien admettre que la biosphère ne croit plus puisqu’elle occupe l’entièreté de l’espace qu’elle peut occuper sur la planète. Les phénomènes de croissance eux se poursuivent localement mais globalement le système ne croit plus même s’il se développe continuellement. On parle donc de développement durable.
Je crois que globalement, la société humaine doit maintenir sa croissance pour équiper les gens dans les pays en développement mais je crois aussi que en occident nous devons amorcer une décroissance de l’économie afin de cesser à consommer 5 à 10 fois trop de ressources pour assurer notre qualité de vie. Je suis profondément convaincu que l’on peut augmenter notre qualité de vie tout en réduisant significativement notre niveau de consommation de ressources. Ce serait de la décroissance et surtout ce serait du développement durable.