Créer un Institut de prospective
Il y a près de cinq ans, j’ai quitté un emploi pour lancer un institut de prospective. Je faisais déjà des conférences dans lesquelles j’annonçais que la société devrait se transformer en profondeur pour faire face aux changements du contexte global. Je parlais alors surtout du pic pétrolier, des changements climatiques et de la fin proche de l’empire américain comme facteur de déclenchement des transformations.
Aujourd’hui, cinq ans plus tard, je finalise le lancement de cet institut. Quel chemin! Je ne croyais pas que ce serait si long et si difficile. Mais, pour être franc, j’étais alors beaucoup moins avancé que je ne le pensais dans le développement de la plateforme technique nécessaire à une telle opération.
Il a été très difficile de résoudre le problème du modèle d’affaires qui permettrait l’autonomie d’un tel institut. Il fallait trouver comment mettre sur pied un organisme à but non-lucratif qui puisse offrir des services suffisamment utiles à un public suffisamment large pour s’autofinancer et ainsi garder sa liberté d’expression. D’autre part, comme mon approche de prospective est très originale et qu’elle ne provient pas d’un universitaire (je ne suis qu’un ingénieur) et qu’en plus il en découle des conclusions très critiques par rapport au fonctionnement actuel du système sociétal, il ne me semblait pas utile de tenter d’obtenir du financement du gouvernement.
Il m’a donc fallu sensibiliser les utilisateurs potentiels (industriels, hommes d’affaires, élus, responsables de développement économique, intervenants régionaux, citoyens vigilents, etc) à l’importance de la réflexion sur les futurs possibles en des temps si turbulents. Parallèlement à ces démarches, il m’a fallu démontrer une expertise d’analyse qui permet de sécuriser mes partenaires potentiels concernant le niveau intéressant de valeur ajoutée des résultats que j’obtiendrais.
Maintenant, je crois que je suis prêt. Je crois avoir élaboré un modèle d’affaires qui permettra à l’Institut de s’autofinancer dès la première année. Je crois que mes résultats ont atteint un niveau de qualité qui permet de justifier la mise en place de l’Institut. Finalement, je le lance et je veux en faire un nouvel espace d’observation et d’analyse de la société: de son passé, de son présent et des futurs qui se présentent à elle.
Mais aussi, je veux en faire un espace pour inventer une nouvelle société, une société écohérente où l’économie sera cohérente avec l’écologie environnementale et sociale, une société équitable qui proposera le «Ecoherent way of life»?: une alternative plus communautaire à l’individualiste «American way of life».
Je vous tiendrai au courant.
2 Commentaires
En fait, la prospective est à la météo ce que la futurologie est à la climatologie. C'est-à-dire, du vent, de l'air et rien de concret. C'est un processus de dindification. Il est tout à faux de prétendre que des données du passé on puisse prévoir le futur.
Il est aussi tout à fait fallacieux de dire que l'empire américain tire à sa fin, tout comme de dire que la planète court à la catastrophe. Des affirmations extraordinaires exigent des preuves extraordinaires.
Premièrement, merci pour le commentaire même si nous sommes clairement en désaccord sur la nature de la prospective.
Je suis d’accord que l’on ne peut pas extrapoler le futur de la société à partir du cumul des tendances. Toutefois, je crois que les tendances sont significatives lorsqu’elles décrivent un mouvement qui a beaucoup d’inertie et qui ne peut donc pas changer facilement. Mais pour moi, ça c’est de la prévision.
Je crois que pour faire de la prospective, il faut considérer la société comme un système complexe auto-organisé qui est homéostatique et qui s’auto-détermine. En d’autre terme: un système vivant. Dès lors que l’on adopte cette perspective on arrive à discerner des mécanismes et des dynamiques d’adaptation inhérents à la constitution du système.
Faire de la prospective consiste alors à projeter les transformations du contexte de fonctionnement de la société analysée et à étudier les différents scénarios d’adaptation qui pourraient advenir. Une fois cette analyse complétée, il faut déterminer les indicateurs qui permettront d’identifier lequel des différents scénarios devient plus prédominant.
Évidamment, comme la société est un système complexe en transformation constante, il faut aussi réaliser que sa configuration évolue et dès lors il faut régulièrement mettre à jour l’analyse de sa configuration interne qui détermine la nature des différents scénarios d’adaptation.
C’est donc dans cette perspective que je travaille à mettre en place Prospexia, un institut de prospective qui cartographiera la configuration de la société québécoise afin de déterminer les mécanismes d’adaptation qui pourront agir pour lui permettre de s’adapter à l’évolution de son contexte dont notamment son approvisionnement en énergie et en équipements nécessaires pour assurer notre qualité de vie future.