Climat – pétrole, quand l’heure des choix approche
À chaque année qui passe, le pétrole que nous extrayons du sol est plus difficile à extraire, plus polluant aussi. De plus, comme il est de moindre qualité il est aussi plus polluant à raffiner et, notamment, il en résulte plus de CO2 dans l’atmosphère. Tout cela avant même sa consommation!
Cette dégradation de la situation est reliée à la raréfaction des ressources, celles de bonne qualité et facilement accessibles ayant déjà été extraites. C’est une situation qui empire année après année et ça ne fait que commencer. Cette réalité maintenant promue par les experts de l’Agence Internationale de l'énergie (AIE) et même par certains du FMI, est acceptée et reconnue par presque tous les gens compétents dans le domaine. La tendance est à la rareté et cette rareté représente un des plus grands défis de l’humanité. De plus, ce portrait de la situation de l’industrie du pétrole, est aussi très descriptif de la situation qui a cour dans celle du gaz naturel.
Pourtant c’est le silence radio, les gouvernements n’en parlent pas, les médias très peu. Pourtant c’est un immense défi, car le fonctionnement de notre société moderne repose sur la disponibilité d’énergie en grande quantité. Mais reconnaître la crise énergétique c’est aussi reconnaître la crise de la société de consommation et cette simple reconnaissance déclencherait une crise économique qui ébranlerait les puissances en place. Résultat, silence radio !
Dans un autre ordre d’idée, chaque année, l’augmentation de l’intensité des évènements climatiques extrêmes se fait ressentir plus durement. Et cette augmentation ne se mesure pas seulement en nombre d’évènements, elle se mesure aussi en gravité des évènements, en dispersion dans tous les coins du globe et en importances de leurs impacts sur la vie sociale et économique des pays qui les subissent.
Ces sauts du climat ont atteint une telle fréquence que le concept de changement climatique est en train de cesser d’être un concept pour devenir une réalité perçue, reconnue et acceptée par le commun des mortels, partout sur la planète. D’ailleurs, suite au sondage de plus de 13 000 personnes dans 13 pays de 3 continents réalisé en 2012 pour le compte de l’assureur AXA, la firme IPSOS le confirme, 9 personnes sur 10 croient que le climat a effectivement connu des changements importants ces vingt dernières années. Ils sont aussi 9 sur 10 à se sentir anxieux. Il y en a même 3 sur 10 qui affirment que leur confort personnel est déjà affecté. Enfin, 3 personnes sur 4 estiment aujourd’hui que le changement climatique a été scientifiquement prouvé. Même dans les pays les moins convaincus par la scientificité du phénomène (Japon, Royaume-Uni, États-Unis), le scepticisme est globalement minoritaire (respectivement 42%, 37% et 35%).
On le voit, la conscience des humains est partout en train d’intégrer cette nouvelle réalité ce qui mène à terme à un changement de mode de vie. Pendant encore combien de temps les populations se laisseront-elles convaincre par leur gouvernement et leurs industriels que la priorité est économique?
Malgré les centaines de millions de dollars dépensés chaque année par les membres de l’industrie du pétrole pour nous convaincre que le lien entre pétrole et réchauffement planétaire n’est pas prouvé. Malgré les journaux de la planète qui évitent sciemment le sujet. L’humanité est en train de prendre conscience que le plus grand danger qui la menace n’est pas économique.
L’humanité est en train d’intégrer cette nouvelle dimension dans sa perception de la réalité. Les consciences populaires sont en train de s’ajuster. Une conviction nouvelle émerge: la consommation d’énergies fossiles est dangereuse, elle met à risque notre monde et le futur de nos enfants.
Pourtant, malgré la reconnaissance très généralisée de ce que je viens de décrire, les pays et les économies occidentaux continuent de fonctionner comme si de rien n’était. Elles continuent à subventionner le développement des ressources polluantes de pétrole, continuent à ne pas signer le protocole de Kyoto. Pire, elles continuent à rechercher une diminution du prix de l’énergie alors qu’il faudrait provoquer son augmentation pour apprendre à l’utiliser avec modération. Il faudrait intégrer le coût environnemental dans le prix des énergies pour apprendre à en consommer moins.
L’humanité est face à son destin et les pressions de changements augmentent de façon non linéaire même si le système résiste encore. Bientôt, l’onde de choc de ces changements inéluctables nous frappera. Plus le temps passe plus elle sera forte. Ça n’est pas arrivé en 2012 est-ce que ce sera en 2013? Ce n’est définitivement pas certain, mais c’est certainement possible.
3 Commentaires
À lire : « Why your world is about to get a whole lot smaller » de Jeff Rubin. Ça donnera plus de poids et de crédibilité à votre argumentaire…
C’est un livre sur le Pic pétrolier qui ne prend pas en considération l’augmentation de productivité de l’industrie du pétrole qui découle de la mise au point de nouvelles technologies d’extraction. Il est donc à prendre avec des pincettes car à priori les changements proviendront plus vraisemblablement de la réaction des populations aux dangers écologiques qui interviendront vraisemblablement avant que la raréfaction de la ressources nous ait atteint très douloureusement par une explosion des prix et un effondrement de la disponibilité.
''Réactions des populations''
Évidemment Yves je suis d'accord avec toi.
La raréfaction des ressources c'est aussi la dégradation de la qualité de certaines d'entre elles, essentielles à la vie, que sont l'air et l'eau. L'eau doit déjà être traité à peu près partout pour être consommé et les populations ne bougent pas encore beaucoup, reste l'air où quand les problèmes surviendront réellement et là se sera plus difficile à contrôler etc.
Ce que je veux dire c'est que la qualité de ces deux éléments sont des indices ''barométriques'' à suivre de près. Maintenant est-ce la rareté des ressources ou une dégradation sévère du milieu de vie qui adviendra en premier ? Les paris sont ouvert, probablement que l'un suivra l'autre de près.
Optimisme ou pessimisme là n'est pas la question, il y a une réalité ou une inconnue dans l'équation, c'est la capacité de résilience des écosystèmes à revenir dans des conditions où il pouvaient à très long terme nous fournir eau et air acceptable. Chimiquement et physiquement il y a un point de non retour à ne pas franchir, dépassé ce point la concentration des éléments présents fourniront tout naturellement un autre type de milieu de vie pas nécessairement favorable aux humains autrement qu'avec un scaphandre.
Je suis personnellement optimiste quant aux moyens que nous avons pour surmonter ces problèmes ces moyens sont cependant a contrario du cadre économique actuel les '' politiques'' sont totalement soumis à ce cadre comme le cancer soumet le corps humain et ainsi de suite………..