La métamorphose des perceptions
Dans mes deux derniers billets, j’ai abordé la métamorphose de la transformation de la matière par l’émergence de l’économie circulaire et la métamorphose de la transformation des connaissances par l’émergence de la complexité. Dans ce billet-ci, j'aborde la métamorphose de notre perception de la réalité qui devrait être celle qui déclenchera la métamorphose de la société elle-même.
La prise de conscience mondiale du fait que « Les systèmes économique et politique (la gouvernance) qui nous ont menés si loin dans le développement de l’humanité ne fonctionnent plus! » est de plus en plus répandue. Pour la suite il faut en inventer d’autres! Le néolibéralisme, qui est la quintessence du capitalisme, est en train de débalancer la biosphère, et nous avec!
Il faut inventer un système socio-économique ajusté à la complexité de la société, un système de gouvernance qui soit adapté à une société toujours plus complexe. La perspective cartésienne n’est plus suffisante. Sous son giron, la démocratie est en train d’être avalée par l’économie.
L’humanité est en train de perdre confiance dans ses systèmes de gouvernance et il en résulte une prise de conscience mondiale du danger de la situation. L’humain, qui croyait pouvoir se permettre d’être irresponsable puisque le système de gouvernance l’était pour lui, est en train de prendre conscience de son erreur. La gouvernance n’est pas responsable pour lui, en fait elle est en train de devenir complètement irresponsable.
En effet, le rapport de force penche de plus en plus vers l’économie, au détriment de la démocratie, de l’équité et bien sûr, de la biosphère. L’emballement de l’économie met maintenant à risque l’avenir de nos enfants. Mais maintenant, l’humanité s’éveille rapidement à ces faits.
Le retour du discours responsable
Dans un tel contexte, ce qui devait arriver arrive, les humains sont en train de redevenir responsables des choix à faire pour assurer leur avenir. La multiplication des ONG et des mouvements comme ceux des créatifs culturels, des localistes, des colibris, etc., en font bien foi. Selon Paul H. Ray, l’homme qui a découvert les créatifs culturels il y a une vingtaine d’années, ils étaient 35 % de la population en Amérique en 2008. C’est 88 millions de personnes, seulement aux États-Unis, qui ont décidé de prendre leurs responsabilités et de changer leur mode de vie pour l’ajuster à la réalité.
Pour comprendre ce revirement, il faut prendre en considération la pyramide de Maslow. La société de surconsommation fonctionne en proposant, par le biais de la publicité, de répondre aux besoins secondaires d’appartenance et d’estime de soi par la possession d’une diversité d’objets qui nous permettraient de démontrer notre appartenance à la caste des possédants et ainsi de combler nos besoins d’estime de soi. Toutefois, le système fonctionne pourvu que les besoins primaires de sécurité soient comblés par le système de gouvernance. Si, comme c’est actuellement le cas, les besoins de sécurité cessent d’être comblés alors les besoins d’appartenance et d’estime de soi cessent d’être des priorités et sont remplacés par les besoins de sécurité. C’est la raison pour laquelle le nombre de créatifs culturels continue de s’accroître, au fur et à mesure que le sentiment d’insécurité augmente dans la population.
Vers un changement de paradigme
Le pourcentage de personnes qui se sentent responsables des choix qui sont faits pour l’avenir est donc en croissance. En fait il grandirait de 3 % par année selon les travaux de M. Ray ce qui implique qu’il deviendrait majoritaire autour de 2023.
On peut donc vraisemblablement s’attendre à une accélération de l’augmentation des pressions sociales qui s’exerceront sur la société pour que les responsabilités soient assumées par le système et que soit vraiment pris le virage vers l’économie et le développement durables.