On ne peut pas penser le développement durable sans penser à une réorganisation en profondeur de la société. C’est ce qu’affirme les leaders du Next System Project, une nouvelle et importante initiative américaine.

L’implantation de crédits carbone, même si c’est un pas dans la bonne direction, n’est pas une solution. De plus elle laisse supposer que la solution réside dans le système actuel ce qui n’est pas le cas. C’est la raison pour laquelle je travaille sur la promotion de l’écohérence depuis tant d’années et que j’ai développée l’approche de modélisation tridimensionnelle des sociétés. Pour nous préparer à une transformation plus en profondeur des sociétés développées.

Mais on peut se préparer autant que l’on veut, un jour, il faut enclencher le projet de transformation lui-même. C’est ce qui, je crois, est en train d’arriver aux États-Unis

Le « Next System Project » est une initiative de l’élite intellectuelle américaine pour repenser globalement les systèmes de la société américaine afin de les adapter aux réalités écologiques et sociales du pays et de la planète.

C’est la première fois que je vois le problème poser dans toutes ses principales dimensions. On ne traite pas des effets on traite des causes.

Une autre vision du monde

Globalement, ils ont comme perception que la prochaine forme de société sera complexe, locale et interconnectée.

Spécifiquement, ils observent l’émergence d’une foule de modèles d’alternatives plus ou moins spécialisée et ils clament l’urgence de l’émergence d’une conversation nationale riche et ouverte sur ces modèles. Ils sont plusieurs centaines d’intellectuels et ils se posent en animateur de cette conversation à tenir. Ils proposent entre autres des discussions sur :

  • L’évolution vers des formes d’entreprises détenues par les employés ou autogérées localement pour remplacer les formes centralisées d’entreprises publiques ou gouvernementales.
  • L’évolution de l’économie vers les localistes et vers une majorité d’organisations économiques régionales
  • Les mouvements qui proposent de revigorer la sociale démocratie par la création et l’institutionnalisation d’un droit fondamental à un emploi décent   
  • L’étude de nouvelle forme de planification participative pour remplacer les simples forces du marché pour enligner le système et pour permettre sa décentralisation
  • Le virage des économies développées, au moins vers une économie sans croissance, si ce n’est vers une économie de décroissance.
  • Ils proposent un retour vers la propriété publique dans une forme décentralisée et démocratisée
  • un concept d’écorégions qui seraient les sous-ensembles suffisamment gros, mais suffisamment petit pour permettre le développement d’un mode de vie cohérent avec le territoire et ses habitants
  • le potentiel de changer le système de propriété pour le diriger vers la communauté plutôt que vers les individus et les entreprises.

Comme on le voit, il ne propose rien de moins qu’une révolution de leur société et de ses règles de fonctionnement. Une révolution vers une plus grande participation de l’état, imaginez!, mais aussi vers une décentralisation importante de cette participation de manière à protéger les intérêts des communautés propriétaires.  

Une réflexion très complète

Ce qui est frappant en lisant le texte sur le Next System Project c’est l’exhaustivité objective de leur analyse. Ça fait plus de 10 ans que j’étudie le problème de cette transformation vers laquelle nous nous dirigeons inéluctablement. J’explore et je modélise les différents mécanismes qui permettent la transformation de la société. Lorsque j’ai lu ce texte, j’ai été impressionné par l’exhaustivité des perspectives d’analyse qu’ils abordent.

C’est certainement la proposition de démarche vers le développement durable qui est, de loin, la plus réaliste et la plus applicable que j’ai lue. Parce qu’elle est une approche globale pour résoudre un problème global. Pour moi, ils attaquent les sources des problèmes qui paralysent le système dans sa folle expansion. Ils attaquent la concentration du pouvoir et de la richesse.

Pour ma part j’explique plus les transformations à faire en parlant d’évolution vers l’économie circulaire qui implique une redéfinition du concept de propriété, d’évolution vers la connaissance complexe qui permet le développement d'une capacité d’autorégulation et d’évolution vers une société responsable qui permet la décentralisation du processus de décision. Je crois en effet que ce sont les trois transformations que nous sommes en train de vivre actuellement.

Je vais suivre leur démarche et je vous tiendrai informé.

Entre-temps, si vous désirez visualiser une vidéo qui décrit bien leur perspective ou lire leur proposition de travail allez au http://thenextsystem.org/